VI

 

Genar-Hofoen passait pas mal de temps aux toilettes. Ulver Seich était abominable quand elle se mettait en colère, et elle était dans un état de fureur pratiquement permanent depuis qu’il avait repris réellement connaissance. Depuis bien avant, en fait. Elle lui en voulait déjà quand il était encore évanoui, ce qu’il ne trouvait pas très juste.

S’il dormait trop longtemps ou rêvait debout, cela l’irritait encore davantage. Il allait donc se réfugier dans les toilettes, où il restait le plus longtemps possible. Ces lieux, dans un module prévu comme celui-là pour neuf personnes, consistaient en une sorte d’épais volet descendant du plafond d’un réduit à l’arrière de l’unique cabine du module. Un champ semi-cylindrique se mettait automatiquement en place quand le volet était déployé, isolant l’espace toilettes du reste de la cabine ; il y avait juste assez de place à l’intérieur pour ajuster ses vêtements et se tenir debout ou s’asseoir confortablement ; d’ordinaire, l’endroit diffusait une musique douce et agréablement insipide, mais Genar-Hofoen préférait le silence total produit par le champ isolant. Il restait assis là, dans le courant d’air descendant agréablement parfumé, sans rien faire, le plus souvent, mais heureux d’avoir un peu de temps à lui.

Se trouver piégé dans un module minuscule mais parfaitement confortable en compagnie d’une jeune femme, belle et intelligente. Cela aurait pu être la recette d’un bonheur sans réserve ; presque un fantasme. En réalité, c’était un enfer atroce. Il lui était déjà arrivé de se sentir piégé, mais jamais de cette manière, jamais à ce point, et en compagnie de quelqu’un qui semblait trouver sa seule présence si désagréable. Il ne pouvait même pas s’en prendre au drone. La présence du drone, en un sens, était gênante, mais cela lui était égal. Autant qu’il soit là, en fait ; qui sait ce qu’elle aurait pu lui faire s’il n’avait pas été là ? En réalité, il l’aimait bien, ce drone. Quant à la fille, en d’autres circonstances, il aurait très bien pu en tomber amoureux et l’admirer, être impressionné par ses qualités et même, oui, la chose était parfaitement possible, se lier d’amitié avec elle, mais pour le moment, en tout cas, il la détestait autant qu’elle le détestait, ce qui n’était pas peu dire.

Il présumait que les circonstances n’étaient pas propices. Les circonstances idéales auraient exigé un autre contexte, extrêmement civilisé, plein de gens cultivés, avec des événements et des choses à faire et des occasions de choisir le moment et le lieu de faire plus ample connaissance, au lieu d’être ainsi cloîtrés – seigneur, cela ne faisait que deux jours mais cela avait semblé un mois – dans ce module exigu, au milieu d’une guerre, sans la moindre idée de l’endroit où ils étaient censés aller, tous leurs projets contrariés. Et l’idée qu’il était leur prisonnier n’arrangeait guère les choses.

— Qui était cette fille, la première, alors ? demanda-t-il. Celle qui se trouvait devant l’immeuble des Sublimés ?

— Probablement quelqu’un des CS, lui répondit Ulver Seich avec une moue désagréable.

Elle lança un regard furieux au drone. Les deux humains occupaient les fauteuils où ils se trouvaient quand ils avaient repris conscience. Le sol de la cabine, derrière eux, pouvait se déformer pour créer différentes combinaisons de sièges, couchettes, tables et autres, mais ils allaient s’asseoir, de temps à autre, dans les deux fauteuils orientés vers l’avant, pour contempler les étoiles et l’écran. Le drone Churt Lyne, pour sa part, reposait, perdu dans ses méditations, à même le sol, sans paraître prêter attention aux regards furieux que lui décochait la fille. Il devait être blindé contre ce genre de chose. Apparemment, il avait le privilège de pouvoir se retrancher dans un mutisme absolu.

Genar-Hofoen se pencha en arrière dans son fauteuil. Les étoiles, devant eux, avaient la même configuration que quelques minutes plus tôt. Le module n’allait pas vers une destination précise ; il ne faisait que s’éloigner des Gradins en suivant l’un des nombreux couloirs autorisés par le contrôle du trafic et libres de toute présence de vaisseaux de guerre ou de toute restriction d’occupation. La fille et le drone ne l’avaient pas laissé contacter les Gradins ni personne. Ils avaient communiqué, par contre, avec ce qui lui semblait être un Mental de vaisseau, au moyen de messages de texte sur écran qu’il n’avait pas eu le droit de voir. Une fois ou deux, le drone et la fille étaient demeurés silencieux en même temps durant plusieurs minutes, dialoguant, de toute évidence, par l’intermédiaire du communicateur de la machine et d’un lacis neural.

En théorie, il aurait dû pouvoir, à ce stade, prendre de force le contrôle du module, mais la chose aurait été futile en pratique ; le module possédait ses propres systèmes semi-sentients, qu’il n’avait aucun moyen de subvertir, et qu’il avait très peu de chances, par ailleurs, de convaincre de quoi que ce soit, même s’il mettait, d’une manière ou d’une autre, la fille et le drone de son côté. De toute façon, où serait-il allé ? Les Gradins étaient exclus ; il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où se trouvaient actuellement Substance Grise et Service Couchettes et il avait le sentiment que personne d’autre ne le savait. Sans doute les Circonstances Spéciales étaient-elles à sa recherche. Mieux valait les laisser le trouver.

De plus, quand ils l’avaient enfin libéré du fauteuil où il était attaché quand il avait repris conscience, le drone lui avait montré un missile-couteau ancien, mais brillant d’un éclat mauvais, logé dans l’une de ses trappes, tout en lui faisant éprouver, au petit doigt gauche, une sensation très brève mais très désagréable qui ne représentait, avait-il dit, que la millième partie de la douleur qu’il était capable de lui infliger avec son effecteur si jamais l’idée lui venait de tenter quelque chose de stupide. Il avait assuré à la machine qu’il n’avait rien d’un guerrier et que les dons martiaux dont il avait pu hériter à la naissance s’étaient totalement atrophiés au profit d’un instinct de conservation hypertrophié.

Il se contentait donc de les laisser faire quand ils communiquaient silencieusement. C’était un répit bienvenu. En tout cas, quelles que soient les nouvelles que ces communications leur avaient apportées, elles ne semblaient pas les rendre terriblement heureux. La fille, en particulier, paraissait démoralisée. Il avait l’impression qu’elle se sentait trompée, qu’elle avait découvert qu’on lui avait menti. C’était peut-être la raison pour laquelle elle lui disait des choses qu’elle n’aurait jamais laissé échapper autrement. Il essaya de recouper ce qu’elle venait de lui révéler sur les Circonstances Spéciales avec ce qu’elle lui avait précédemment laissé savoir.

L’effort lui donna une légère migraine. Il avait déjà mis le doigt sur quelque chose quand il était tombé dans le piège, dans la Cité Nocturne. Mais il n’avait pas encore tout à fait compris ce qui s’était passé là-bas.

— Vous ne m’aviez pas dit que vous apparteniez vous-même aux CS ? demanda-t-il.

Il ne pouvait s’en empêcher ; il savait que cela allait de nouveau l’exaspérer, mais les choses étaient encore trop confuses pour lui.

— Ce que j’ai dit, siffla-t-elle en grinçant des dents, c’est que je croyais travailler pour les CS. (Elle détourna la tête, soupira très fort, puis se tourna de nouveau vers lui.) Peut-être que je travaille pour eux, peut-être qu’ils m’ont recrutée, peut-être qu’il y a plusieurs CS, je ne sais pas. Je ne sais rien de rien, vous ne comprenez pas ?

— Mais qui vous a envoyée ici ? demanda Genar-Hofoen en croisant les bras.

Sa veste en peaupre glissa sur son torse nu ; l’unité bio du module était en train de nettoyer sa chemise. Le complet n’était pas en trop mauvais état. La fille n’avait pas ôté sa combinaison spatiale sertie de joyaux (bien qu’elle utilisât les toilettes du module au lieu des facilités incorporées à son scaphandre). Elle ressemblait de moins en moins à Dajeil Gelian ; son visage, d’heure en heure, devenait plus jeune, plus fin et plus beau. La transformation était fascinante à observer, et en d’autres circonstances, il aurait tenté sa chance auprès d’elle, au moins pour voir s’il pouvait exister une quelconque attirance réciproque. Mais la situation étant ce qu’elle était, la dernière chose qu’il voulait faire, à présent, c’était de lui donner l’impression de la reluquer.

— Je vous ai déjà dit qui m’a envoyée, murmura-t-elle avec froideur. Un Mental. Avec l’aide… en vérité la complicité, plutôt, dirais-je, ajouta-t-elle avec un sourire insincère, du Mental de mon monde natal. (Elle prit une profonde inspiration, puis pinça les lèvres pour autant que leur caractère pulpeux le lui permît.) J’avais même mon propre vaisseau de guerre, bon sang ! continua-t-elle d’une voix amère en s’adressant aux étoiles sur l’écran devant eux. Vous trouvez étonnant que j’aie pensé que c’étaient Circonstances Spéciales qui avaient tout arrangé ?

Elle jeta un coup d’œil au drone silencieux puis se tourna de nouveau vers lui.

— On nous dit maintenant que notre vaisseau a complètement déconné et qu’il ne faut rien faire savoir de notre position actuelle. Ni des difficultés que nous avons eues à vous faire sortir des Gradins… (Elle secoua la tête.) Ça ressemblait, pour moi, aux CS. Ce n’est pas que je m’y connaisse, mais la machine est de mon avis.

Elle désigna de nouveau le drone d’un léger mouvement de tête. Puis elle le toisa.

— J’aurais préféré qu’on vous laisse là où vous étiez, murmura-t-elle.

— Moi aussi, dit-il d’une voix qu’il s’efforça de rendre raisonnable.

Elle était arrivée aux Gradins quelques jours avant lui. Elle l’avait cherché. On lui avait donné carte blanche pour ce faire, et pourtant elle n’avait pas réussi à le trouver de la façon la plus simple, en demandant ; d’où l’histoire du pondrosaure. Ce qui n’avait de sens que si ce n’étaient pas Circonstances Spéciales qui l’avaient envoyée, car c’étaient CS qui le surveillaient sur les Gradins, et pourquoi auraient-elles essayé de le soustraire à leur propre surveillance ? Pourtant, elle avait disposé de son propre vaisseau de combat, apparemment, ainsi que des renseignements qui l’avaient menée aux Gradins pour l’intercepter ; ces renseignements étaient confidentiels, et CS n’avaient dû naturellement les communiquer qu’à un nombre très réduit de Mentaux auxquels elles faisaient confiance. Très bizarre.

— J’aimerais savoir, dit-elle, ce que vous étiez censé faire après votre départ des Gradins. Ou votre mission ne consistait-elle qu’en une pathétique tentative de retrouver votre jeunesse envolée en séduisant des femmes qui vous rappelaient une de vos passions d’antan ?

Il sourit, de la manière la plus tolérante possible.

— Désolé, dit-il. Je ne peux rien vous révéler.

Elle plissa les paupières.

— Vous savez, ils sont capables de nous demander de vous faire passer par-dessus bord.

Il se laissa aller en arrière, prenant un air à la fois surpris et vexé. Mais il ressentait un soupçon de peur réelle au fond de lui.

— Vous feriez ça ? demanda-t-il.

Elle regarda de nouveau les étoiles, les sourcils en accent circonflexe, les plis de la bouche orientés vers le bas.

— Non, reconnut-elle. Mais l’idée ne me déplaît pas.

Il y eut un silence prolongé où il l’entendit respirer, bien que sa poitrine sculpturale ne laissât pas voir le moindre mouvement. Soudain, elle tapa du pied sur la moquette, faisant étinceler les joyaux dont sa botte était sertie.

— Qu’alliez-vous faire ? insista-t-elle, furieuse. Que voulaient-ils que vous fassiez ? Bordel ! Je vous ai expliqué pourquoi j’étais venue ici. Vous pourriez me dire la vérité sur vous !

— Désolé, soupira-t-il de nouveau.

Elle était déjà cramoisie de colère. Non ! Elle n’allait pas encore piquer sa crise !

C’est alors que le drone fit un bond dans les airs derrière eux et que quelque chose s’illumina tout autour de l’écran du module.

— Salut à tous ! fit une voix sonore et grave qui semblait venir de tous les côtés à la fois.

Excession
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